Adieu Laurence, la Sénégalaise
La famille de la culture sénégalaise se trouve encore endeuillée avec la perte de Laurence Gavron qui, en ses mains tenaces et expertes de femme créatrice, a tenu et libéré, pour un public aussi nombreux que divers, des pensées et des émotions qui continueront de marquer les esprits et les cœurs. Laurence Gavron était cinéaste, critique cinématographique, photographe, écrivain(e). Mais surtout, et peut-être grâce à tout cela, elle était une femme de terrain que seul savait émouvoir et faire agir le contact, c’est-à-dire la relation humaine, celle qui tire son sens des pulsions du cœur, des élans fraternels et amicaux. Une artiste au sens fort du mot !
La cinéaste, surdouée pour les documentaires et pour le long métrage, a mis en lumière des grands hommes et de grandes femmes amplifiant ainsi leur vécu légendaire et portés à rester pour les générations présentes et futures, des figures modèles, références incontestables des valeurs que charrie la culture sénégalaise. Tels Yandé Codou Sène, Samba Diabaré Samb et Ndiaga Mbaye, dont les inflexions vocales ont irradié les scènes musicales jusqu’aux larmes, jusqu’à l’hystérie, mais toujours dans la profondeur du dire qui élève. Elle se sera également intéressée aux communautés, celles venues d’ailleurs et qui se sont intégrées à la société sénégalaise, dont elles sont membres pour, avec elle, construire « un commun vouloir de vie commune »
Romancière, Laurence, surprenant d’abord son monde, a investi la littérature avec des titres qui sont signes de sa sénégalité. « Boy Dakar », « Fouta Street », « Hivernage » (de celui-ci, elle a aussi fait un film) sont quelques-uns de ces romans, d’abord du genre Polar, mais aussi ouverts sur la veine classique des belles lettres.
Photographe, ses expositions restent des moments forts, inoubliables. Elle aura parcouru le pays, l’appareil photo en bandoulière, pour immortaliser essentiellement des scènes, des gestes et des espaces qui ennoblissent.
Je l’ai suggéré tantôt, Laurence était française qui s’est faite sénégalaise, a pris la nationalité sénégalaise. Elle se réclamait SERERE, cette « ethnie » des terres salées et des vastes « tanns » qu’elle a appris à connaitre et à aimer de tout son cœur. Elle aimait surtout son pays d’adoption, le Sénégal où nombreux sont ses amis et ses parents qui tous ensemble pleurent sa disparition.
Au nom du Président de la République, Monsieur Macky Sall, au nom de Monsieur le Premier Ministre, au nom du Gouvernement et de toute la grande famille de la Culture, j’adresse mes condoléances à sa famille et nous prions ensemble pour que la terre lui soit légère.
Adieu, Laurence !
Professeur Aliou SOW
Ministre de la Culture et du Patrimoine historique
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