Un Art Nouveau pour une nation nouvelle
« En inaugurant cette Manufacture nationale des tapisseries, qui accueillera tous les riverains du fleuve Sénégal, et même les artistes d’au-delà, nous ne faisons que revenir à l’Afrique mère.
Or l’origine de la tapisserie se situe en Afrique, En Egypte, 3000 ans avant jésus Christ. Nous en avons conservé le pagne polyvalent comme toute chose essentielle en Afrique. Le pagne, vêtement ou teinture, mais toujours parure ! »
Extrait du discours du Président Léopold Sédar Senghor
Thiès, le 4 décembre 1966
PRESENTATION
Les Manufactures Sénégalaises des Arts Décoratifs ont été créées à la suite d’un ambitieux projet initié par le Président Senghor dans le cadre de la réalisation de sa politique culturelle, avec l’appui exceptionnel de l’expertise française.
C’est ainsi qu’en 1958 et 1960, furent créées deux filières qui se partageaient la formation des artistes-peintres. La première, la Section des arts plastiques, était dirigée par Iba NDIAYE et la seconde, la Section de recherches plastiques nègres, était dirigée par l’artiste Papa Ibra TALL.
Après la spécialisation de Papa Ibra TALL dans les ateliers d’Aubusson, ses premiers collaborateurs vont être sélectionnés au sein de la Section de recherches plastiques nègres pour suivre à leur tour en France, leur formation dans les techniques de la tapisserie.
Les Manufactures de tapisserie des Gobelins vont recevoir en formation quatre jeunes sortants de la Section de Recherches Plastiques Nègres de l’Ecole des Arts. Il s’agit de Mamadou WADE, Mar FALL, Doudou DIAGNE, et Alioune Badara DIAKHATE. A leur retour, ils seront les premiers liciers en charge de transmettre les techniques du tissage aux nouveaux pensionnaires de centre de formation-insertion de l’Etablissement.
Ces deux piliers de l’art sénégalais ont enseigné à leurs élèves la découverte et la maitrise des techniques artistiques universelles, mêmes celles que l’Afrique n’a pas inventées. De la peinture à l’huile à l’histoire de l’art, des jeunes sénégalais ont été préparés à exprimer leur sensibilité d’africains face au monde sans aucun complexe. Parallèlement, la section dirigée par Papa Ibra TALL basait son enseignement sur la connaissance des formes artistiques, signes, symboles de l’environnement d’origine. Puis, il fallait donner aux jeunes talents sortis de cette école, des outils supplémentaires d’expressions dans les arts décoratifs avec l’appui des métiers d’arts. Ce sont entre autres techniques, la tapisserie, la mosaïqué, la céramique, la teinture, la lithographie, la sérigraphie, la fonderie.
C’est dans cet esprit qu’un premier atelier consacré à la tapisserie fut créé en 1964 et annexé à la Section de recherches plastiques nègres, alors dirigé par Papa Ibra TALL. Puis, connaissant un certain développement, l’atelier de tapisserie de l’Ecole des Arts fut d’abord transféré en 1965 à Thiès, à 70 km au nord de Dakar, et ensuite érigé en 1966, en un service national dénommé Manufacture Nationale de Tapisserie (MNT).
En réalité, il se profilait un ambitieux projet culturel du Président Léopold Sédar SENGHOR qu’il a révélé publiquement dans son discours inaugural du 04 décembre 1966 à Thiès. C’est là que SENGHOR lança sa fameuse formule « un art nouveau pour une nation nouvelle ». Ainsi commença une mission de recherche appliquée, jusqu’en 1971. Cette année-là, à l’occasion du conseil interministériel du 17 mai, fut adopté le principe d’une réforme de la structure, la Manufacture Nationale de Tapisserie ayant dépassé le stade d’expérimentation et atteint un niveau opérationnel. Deux ans plus tard, intervint le vote de la loi n° 73-61 du 19 décembre 1973 créant les Manufactures Sénégalaises des Arts Décoratifs (MSAD) avec un statut d’Etablissement à caractère industriel et commercial.
MISSIONS PRINCIPALES
- L’expansion de l’art nègre en général, sénégalais en particulier
- La promotion sociale de l’artiste africain en général et sénégalais en particulier.
- la production d’objets d’arts négociables, à partir de modèles inspirés de l’art nègre en général, sénégalais en particulier et par la mise en œuvre de techniques appropriées ;
- la diffusion et la commercialisation des objets d’arts de sa production
- la cession éventuelle à toute autre entreprise en vue de la meilleure exploitation des modèles de sa création.
Conformément aux orientations de cette mission, bien des artistes sénégalais ont pu tisser leur toile à travers le monde. Des œuvres d’art sont ainsi inscrites en livre d’or sur les pages de l’histoire de la tapisserie sénégalaise des noms et des titres d’œuvres bien de chez nous. Parmi les plus connus : « le Grand Magal de Touba » de Papa Ibra TALL, offert par le Sénégal au siège des Nations Unis, « le Rendez-vous au Soleil » de Jacob Yacouba, placé dans le hall de l’Aéroport d’Atlantla.